Arrivée du réseau 5G : révolution ou coup marketing ?

2020, c’est l’année annoncée pour l’arrivée de la 5G en France. Nous pourrions en avoir une première démonstration aux Jeux olympiques d’hiver 2018 à Pyeongchang en Corée du Sud. Alors que la 4G a du mal à s’étendre à tout le territoire et la fibre peine à sortir des grandes villes, la 5G surpasserait sur tous les plans la 4G et serait même au niveau de la fibre, effaçant complètement la cloison internet fixe et internet nomade.

La 5G qu’est-ce que c’est ?

Ici on parle réseau, et même réseau très haut débit (THD). Un film chargé en 5 secondes sur votre smartphone pourrait bien devenir une réalité. La 5G n’est pas considérée comme une technologie de « rupture » mais plutôt comme un ensemble de technologie qui arrivera progressivement. Elle n’a d’ailleurs pas l’intention de supplanter la 4G mais de cohabiter avec elle qui continue son développement en parallèle. La 5G proposera ainsi une latence réduite, ainsi qu’un débit et une densité plus élevés comparé à son prédécesseur.

Cette technologie repose sur l’utilisation des ondes « millimétriques » c’est-à-dire l’utilisation de fréquences plus élevées du spectre. La 5G s’exprimera sur un spectre allant de 30 à 300GHz alors que la 4G ne dépassait pas les 6GHz.

Ces ondes sur des fréquences plus hautes permettent des débits biens supérieurs mais ont une portée plus courte que les ondes basses fréquences. Plus les fréquences sont basses, plus leur portée est élevée et meilleure est la pénétration à travers les obstacles. Pour pallier ce défaut, le réseau 5G utilisera donc des fréquences élevées allant jusqu’à 300GHz ET des fréquences très basses sur les fréquences 3,4 et 3,6 GHz. Certaines fréquences déjà utilisées par la 3G et la 4G pourraient ainsi être réaffectées. Cela avait d’ailleurs été un argument important dans la « neutralité du web » aux Etats-Unis. On parle également de « beamforming » permettant de diriger les ondes de manière précise vers les appareils.

Concrètement qu’est-ce que ça change ?

La véritable force de cette nouvelle technologie réside dans le fait d’améliorer à la fois le débit, la latence et la densité. Son utilisation pourrait s’étendre à de nombreux domaines poussant la précision des objets connectés toujours plus loin. C’est la réduction de la latence passant de 10ms actuellement à 1ms au mieux qui ouvrirait le plus de perspective. On le sait, la machine surpasse l’Homme dans de nombreux domaines sur la vitesse et la précision mais certains domaines restent trop dangereux à laisser à une machine… jusqu’à la 5G. La médecine et l’automobile seraient probablement les premiers touchés. Nous pourrions ainsi voir se développer la téléchirurgie, plus sûre, plus précise et permettant de réaliser à distance des opérations médicales. D’un autre côté, la voiture autonome avec un temps de réaction divisé par dix réduirait ainsi une barrière majeure à sa démocratisation.

L’augmentation du débit permettra quant à elle de pouvoir charger n’importe quelle application en une fraction de seconde et accéléra les téléchargements. L’augmentation de la densité permettra la connexion d’un nombre très important d’objets connectés sur une zone réduite, permettant de créer des maisons ultra connectées.

Quand il est encore « difficile » d’utiliser 50 Go par mois sur son smartphone, la 5G est-elle réellement nécessaire pour l’internet nomade ? Avec l’augmentation du streaming, de la vidéo en direct, des objets connectés et des « Clouds », l’utilisation d’internet se fait de plus en plus sur son smartphone et est de plus en plus nomade. Les écrans toujours d’une meilleure qualité demanderont de plus en plus de données pour permettre leur utilisation maximale. A l’heure actuelle son arrivée ne changerait pas grand-chose, mais les changements de « consommation » d’internet laissent présager que la 5G trouvera une véritable utilité dans quelques années.

Explosion technologique ou fracture ouverte du « numérus » ?

Nous avions mis un premier pied dans cette séparation de plus en plus grande entre ville et campagne avec l’arrivée de la 4G, mais la 5G complique le diagnostic. Quand les grandes villes jubilent et ont hâte de découvrir ces nouvelles technologies, les villages où même toutes les zones au-delà des territoires périurbains vivent les avancées technologiques au ralenti, s’ils y ont accès un jour. Certains quartiers des grandes villes deviendront des « Smart cities » quand il faudra toujours lever le bras pour espérer capter du réseau à la campagne.

On ne sait pas encore comment la 5G luttera contre cette fracture numérique. Espérons que l’utilisation des ondes plus basses fréquences permettra  d’élargir le champ d’action et la portée de la 5G.

Les premières estimations quant aux retombées économiques du déploiement de la 5G sont loin d’être négligeables. On parle en France de 85 milliards d’euros et 440 000 emplois créés. C’est de loin la Chine qui est en tête avec 927 milliards en raison des forts investissements mené par le constructeur Huawei.

Le réseau 5G : multitude de changements

A la vitesse à laquelle les technologies se développent, nous ne pouvons pas prédire pleinement les retombées de cette technologie. Les changements seront très importants en sachant que les appareils sont actuellement incapables d’utiliser la 5G, il faudra donc développer des appareils compatibles en parallèle du déploiement de la 5G. L’exploitation complète de ce réseau ne se fera donc que progressivement.

Au vu du bond technologique, elle débloquera sans aucun doute des technologies qui ne sont pas encore imaginables et le moment où la 5G sera obsolète paraît très éloigné. Une telle avancée amène avec elle, la crainte d’un fossé numérique toujours plus grande mais c’est également le retour du débat sur la neutralité du réseau.

Doit-on pénaliser les personnes qui utilisent toujours la 3G en empruntant les fréquences basses allouées à ce réseau au profit d’une nouvelle technologie qui ne sera disponible qu’à une faible part de la population à sa sortie en raison de son prix ?

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agence Eanet